Histoire de la mode enfantine
L’histoire de la mode enfantine ou comment les vêtements destinés aux enfants représentent aujourd’hui un secteur spécifique de l’habillement et suivent leurs propres modes, mais il n’en a pas toujours été ainsi. Sans remonter aussi loin qu’à l’Age de Cro-Magnon où les nouveaux-nés, comme leurs parents, étaient probablement couverts de peaux d’animaux grossièrement tannées, on peut imaginer que, quelques millénaires plus tard, les hommes du Néolithique protégeaient déjà leurs nourrissons avec du feutre de laine de mouton ou de chèvre mouillée, écrasée et séchée. C’est dans l’Antiquité, et en particulier dans la Grèce Ancienne, que l’on retrouve la trace des premiers tissus fabriqués sur des métiers à tisser rudimentaires avec des fibres végétales telles que le chanvre et le lin.
Souvent, dans l’Antiquité, les enfants portent dés la naissance, et jusqu’à un âge avancé, des petites amulettes en métal ou en cuir autour du cou. Dans l’Empire romain, les nouveaux-nés étaient emmaillotés avec des bandelettes de tissu qui leur interdisent le moindre mouvement alors que dans l’Egypte des Pharaons les enfants, dès la naissance, étaient libres de se mouvoir et ne portaient pas de vêtements jusqu’à quatre ou cinq ans. Dès qu’il saura marcher, l’enfant romain sera habillé d’une toge blanche bordée de rouge qu’il portera jusqu’à la puberté.
L’emmaillotage
Avec le Moyen Age, commence une période difficile pour les enfants victimes d’une mortalité élevée due à une hygiène déficiente et aux épidémies qui affectent l’ensemble de la population. A sa naissance, l’enfant est emmailloté serré et macère longtemps dans ses excréments. Pire encore, des planchettes de bois introduites dans le maillot maintiennent ses membres droits! Il restera ainsi contraint jusqu’à l’âge de un an lorsqu’il commencera à marcher habillé d’une robe en coton ou en lin très longue. Quelle délivrance !
L’emmaillotage des nourrissons sera pratiqué longtemps : pendant la Renaissance, la Révolution et l’Empire l’enfant est toujours emmailloté à la naissance et dès qu’il commence à marcher, il porte la même longue robe qui restera son seul habit pendant de nombreux siècles encore.</p
De l’être inachevé à la mode enfantine
Jusqu’au XVIIIe siècle, l’enfant est considéré comme un être inachevé, une non-personne. On ne connaît rien de ses besoins et de sa psychologie.
C’est un ouvrage de Jean-Jacques ROUSSEAU, (alors peu connu du public), paru en 1762 « Emile ou De l’éducation », qui explique que pour aider un enfant à bien s’épanouir, il faut d’abord comprendre sa nature et ses besoins fondamentaux. Le livre a été immédiatement interdit mais l’idée est semée……C’est Marie-Antoinette qui montrera l’exemple en se préoccupant des changements d’humeurs et de santé de ses enfants dont elle sera très proche. Elle est alors la première reine à s’occupe elle même de l’éducation de ses enfants. Par son intermédiaire, les consciences s’éveillent alors sur la sensibilité enfantine, l’importance du jeu et de l’apprentissage. C’est dans ce contexte que va naître, à partir de 1775, une véritable mode enfantine pour les familles bourgeoises. C’est ainsi qu’à travers les vêtements des enfants et dès leur plus jeune âge, c’est toute la structure de la société qui se trouve représentée. Cette mode commencera dès l’âge de 3 ans lorsque l’enfant a quitté les langes.
L’habillement des garçons apparaît donc comme l’indicateur de la future position sociale de l’héritier mâle appelé à un rôle « dominant » dans la famille patriarcale alors que sa soeur, elle, reste cantonnée à un rôle subalterne.
Pour les petites filles :
Les petites filles font, bien sûr, partie de l’histoire de la mode enfantine. On opte pour la robe de gaulle blanche, c’est-à-dire la chemise à la reine. Son encolure est froncée par un lien coulissant et ses manches sont bouffantes. Bien que de ligne droite, cette robe, dite en « fourreau », n’en est pas vraiment un puisqu’elle est coupée à la taille, que sa jupe est froncée et que son corsage est ajusté sur le buste au moyen d’un laçage dans le dos. En outre, elle est soulignée à la taille par un large ruban de couleur bleue ou rose pastel. Tout d’abord en coton, elle est de plus en plus légère, en linon, taffetas ou mousseline de soie blanche. Cette robe présente l’avantage de libérer les mouvements… mais aussi d’être beaucoup plus facile d’entretien.
Pour les garçons jusqu’à 7 ans :
L’histoire de la mode enfantine concerne également les garçons. On opte pour le costume dit « en matelot » venue d’Angleterre. La tenue est constituée d’un gilet court sans manches, et grande nouveauté, d’un pantalon long, seulement porté jusqu’ici par les gens du bas-peuple et les marins. C’est Marie-Antoinette qui, la première osera habiller son fils de cette manière, c’est donc le Dauphin de France, qui, ironie de l’histoire sera le premier sans-culottes ! Ce costume, aussi appelé « à la marinière », se simplifiera et se dotera du fameux « col marin » au XIXe siècle. Mais l’essentiel en est déjà là. C’est aussi à cette époque que le bleu pastel deviendra la couleur de prédilection du petit garçon.
A sept ans le petit garçon « passe aux hommes », cela veut dire qu’il cesse d’être élevé par les femmes. Ses cheveux sont raccourcis, parce que les petits garçons portaient comme les filles, les cheveux longs. Il se doit d’être habillé comme un homme. La petite fille elle, est habillée comme une femme passée l’époque des langes, donc elle peut garder sa robe blanche.
Milieu du XIXème
C’est à partir du milieu du XIXème que les enfants de toutes les catégories sociales portent, après l’âge de 6-8 ans, des vêtements qui sont des modèles réduits des vêtements de leurs parents : les garçons issus de familles bourgeoises portent souvent des redingotes serrées et les petites filles des robes à corsets. Il leur est, bien évidemment, impossible de s’habiller seuls. Une rigueur très « Victorienne » imprègne les couches les plus élevées de la société. Ainsi, souvent, à la même époque les petites filles de milieux sociaux aisés portent, sous leur robe une chemise fine, une culotte et même une petite jupe. Elles portent au dessus de leur robe, un tablier qui, plus encore que leur rang social, définit le rôle de future femme au foyer que la société leur a assigné. Ces vêtements sont semblables aux vêtements d’adultes à la fois dans la coupe et dans les matières qui peuvent être particulièrement lourdes et épaisses telles ces grosses blouses en velours ou en laine de couleur foncée que les enfants portent souvent en hiver.
Les enfants des campagnes s’habillent de manière bien moins codifiée. Les garçons portent des chemises et des culottes de toiles grossières alors que les petites filles portent des robes longues en tissu épais.
La révolution vestimentaire à partir du XXème siècle
L’histoire de la mode enfantine, finalement, se veut une véritable révolution vestimentaire survient à partir du début du XXème siècle,: l’homme se rapproche de la nature et la science médicale impose de nouvelles règles d’hygiène incompatibles avec les contraintes vestimentaires du siècle précédent. Les corps se libèrent, les corsets se détendent, les redingotes s’assouplissent. Les vêtements pour enfants suivent cette nouvelle tendance et le confort devient la règle. C’est aussi le début d’une mode dédiée aux enfants et qui n’est pas une réplique « miniature » de la mode pour adultes.
Les Princesses actuelles ne font aucun compromis sur le style et la tenue de leurs robes ni sur la qualité des tissus mais elles ne renoncent pas au confort et à leur liberté de mouvement: le progrès c’est cela aussi.
Sources :